Dynamiques d'évolution des MOOCs en France et aux Etats-Unis

Les MOOCs : Présentation Générale

Introduction

Depuis maintenant environ deux ans et le début de l'année 2012, les MOOCs connaissent une croissance impressionnante au sein du monde de l'éducation et de la formation. Cet essor s'est jusqu'à maintenant principalement déroulé aux Etats-Unis, qui ont vu de nombreuses plateformes développées par des universités proposer toutes sortes de cours (en informatique, électronique, histoire, sciences humaines, philosophie, et de nombreux autres sujets sur lesquels nous aurons l'occasion de revenir). Certains cours recueillent plusieurs dizaines de milliers de participants. Du côté Français, des moyens ont également été mobilisés ces dernières années, et l’on commence, depuis quelques mois, à voir émerger des solutions publiques massives. Le mois de Janvier 2014 a d’ailleurs vu la parution d’une statistique permettant de mesurer cette évolution : les MOOCs en France viennent de passer la barre des 100.000 inscrits.
Mais, avant de revenir sur ces considérations à propos des MOOCs, commençons par répondre à une question cruciale…

Qu'est-ce qu'un MOOC?

MOOC est un terme anglais qui signifie Massive Open Online Course (en France un acronyme équivalent existe : CLOM, pour Cours en Ligne Ouvert et Massif, mais il n’est pas très courant de le rencontrer, l’anglais étant très largement préféré). Les termes qui constituent cet acronyme permettent de comprendre directement le concept : un MOOC est un cours en ligne, qui utilise les technologies web et internet, afin de les rendre ouverts à tous. Les technologies utilisées étant facilement accessibles pour quiconque possède un ordinateur et un accès internet, le nombre d’inscrits dans ces cours est parfois très important.

Derrière cette définition commune se cache une grande diversité de MOOCs. En effet, si beaucoup d'entre eux proposent un contenu diffusé sous licence libre (parfois complètement en open source), d'autres interdisent toute réplication des cours qu'ils proposent. De même, une grande disparité existe entre les MOOCs au niveau des coûts d'inscription : la grande majorité est totalement gratuite, tandis que certains (proposés notamment par de grandes universités anglo-saxonnes) annoncent des frais s'élevant plusieurs milliers d'euros. On retrouve d'autres différences au niveau de la taille (de 1 à 100.000 inscrits!), de l'implication nécessaire à la bonne réussite (d'une à une quinzaine d'heures par semaine) et de l'acessibilité (il arrive que des universités développent des MOOCs pour un usage interne, sur une plateforme privée comme celle que nous utilisont par exemple à l'Ecole Centrale de Lyon pour accéder aux documents pédagogiques). La suite de cette présentation générale des MOOCs permettra de soulever d'autres aspects différenciant des MOOCs.

Logo des MOOCs
Le logo - presque - officiel des MOOCs.

Il faut cependant faire attention avec la définition qui est donnée ici à ne pas ranger sous l'étiquette "MOOC" des éléments qui n'en sont pas vraiment. Par exemple, une simple vidéo postée sur youtube n'est pas vraiment un MOOC, dans la mesure où ce terme sous-entend une structure un peu plus avancée pour permettre le travail des apprenants, leur évaluation, la communication entre eux...Un MOOC n'est donc pas un simple tutoriel, et comprend généralement une structure plus sophistiquée.

Les MOOCs...pourquoi?

La dynamique des MOOCs démontre une grande volonté de la part des universités de rendre leur savoir accessible au monde entier, et d’abattre les limites géographiques qui caractérisent l’enseignement classique, en présence physique. Les impacts en termes d’image sont loin d’être négligeables, les organisations proposant ces nouveaux cours bénéficiant alors, comme on le voit de plus en plus en France, d'une médiatisation plus ou moins avancée de leurs initiatives, souvent décrites comme l'avenir de l'enseignement. Les universités peuvent également espérer détecter de nouveaux talent, partout dans le monde, même ceux qui n'auraient jamais pu intégrer leurs rangs (pour des raisons de distance géographique ou de moyens financiers). De plus, les MOOCs ont une valeur incroyable pour les chercheurs, dans la mesure où les chercheurs ont l'occasion d'analyser précisément le comportement des utilisateurs. En effet, chaque clic sur une plateforme est enregistré, que ce soit pour suivre un lien, mettre une vidéo en pause, revenir en arrière dans la vidéo...Certaines expériences sont mêmes réalisées en utilisant des technologies d'eye-tracking afin d'étudier le regard des participants lorsqu'ils visionnent une vidéo.

Ce nouveau mode d'enseignement reflète d'autre part une philosophie que l’on retrouve beaucoup sur le web, et qui prend donc une nouvelle forme, à travers de nouveaux acteurs : le partage sans limite des ressources et des connaissances humaines (et de manière légale!).

Côté étudiant, ou plutôt "apprenant" - en effet les MOOCs s'adressent à un public beaucoup plus large que les cours classiques des universités, et peuvent s'inscrire dans le processus de formation continue des individus - on comprend facilement les raisons d'adhésion (celles qui m'ont d'ailleurs déjà poussé à suivre deux MOOCs) : facilité d'accès, possiblité de suivre les cours de chez soi, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, gratuité...autant d'arguments qui font que l'on a envie de tester les plateformes mises à notre disposition sur quelques cours bien précis. Il y a cependant encore du chemin à parcourir, notamment en France, avant que la réalisation d'un cursus entier soit rendu possible. Cette veille technologique permettra de voir les avancées scientifiques et pédagogiques en la matière. Une place (un peu plus restreinte certes) sera également donnée aux aspects psychologiques et sociaux qui peuvent découler d'une utilisation intensive des MOOCs.

Les MOOCs...pour apprendre quoi?

Tout! Tout ce qui peut être enseigné (que ce soit à l'école, en entreprise, dans la vie de tous les jours...) peut théoriquement se retrouver sous la forme de MOOC. On retrouve évidemment avant tout des matières "scolaires" comme celles que l'on a l'habitude de retrouver au lycée ou à l'université, en informatique, économie, mathématiques, philosophie, biologie, littérature, arts, management, médecine... D'autres MOOCs sont plus orientés vers le monde de l'entreprise, comme par exemple les deux MOOCs qui ont été accueillis par la plateforme UNOW, en matière de gestion de projet et d'effectuation (ce dernier s'adressait d'ailleurs directement et ouvertement aux individus désireux de se lancer dans l'aventure de l'entrepreneuriat, dans le but de leur prodiguer in fine des conseils pertinents pour leur activité).

Pour ceux qui voudraient tenter l'expérience, voici une liste (bien loin d'être exhaustive) de liens vers des plateformes ou référenceurs de MOOCs. Chacun pourra y trouver son bonheur, quels que soient ses motivations et ses centres d'intérêt. Vous pourrez par ailleurs commencer à vous en rendre compte : les Etats-Unis ont de l'avance sur les structures françaises!

Les méthodes d'enseignement mises en oeuvre dans les MOOCs

Vous l'avez sans doute compris, les MOOCs nécessitent de nouvelles méthodes d'enseignement. Tour d'horizon des solutions développées par les enseignants :

Les méthodes d'évaluation

Quand on sait que certains MOOCs réunissent facilement plus de 10.000 élèves, on imagine mal un professeur (ou un ensemble de professeurs dans une université) pouvoir évaluer le savoir de tous les élèves, que ce soit à l'oral ou par écrit. Des solutions automatisées peuvent alors être employées :

Q1. Le format le plus utilisé est pour évaluer un élève est le :

 MQC
 QCM
 Shifumi

Q2. Les professeurs utilisent aussi des vrai-faux pour l'évaluation :

 Vrai
 Faux

Q3. Parfois, on trouve également des questions où le professeur laisse un champ à l'élève afin qu'il donne la bonne (donner votre REPONSE en majuscules et sans accent).


Mais tout ne peut pas être évaluée par ces méthodes, qui sont de simples contrôles de connaissances, et n'encouragent par exemple pas la créativité. De plus, dans la mesure où l'apprenant est souvent seul devant son ordinateur pour répondre à ces questions, il peut utiliser librement son cours, internet,...pour répondre aux questions. Réussir un MOOC reposant uniquement sur des QCM n'est donc pas forcément toujours d'une grande valeur (même s'il existe des cas où ils sont justifiables et pertinents).

Heureusement la situation n'est pas désespérée, et les professeurs peuvent demander à leurs élèves de fournir des devoirs plus variés et plus "conventionnelles" : réponse à des questions sous forme de phrases, rédaction d'un rapport, réalisation d'un code en programmation,...Pour la correction, la solution la plus employée, et relativement répandue dans les MOOCs est la correction par les pairs : chacun des élèves qui participe au MOOC et qui aura rendu une copie devra (s'il ne veut pas avoir 0) corriger un certain nombre de copies d'autres participants (souvent 3 ou 4) et leur attribuer une note en fonction de certains critères prédéfinis et clairement détaillés par le professeur. A partir des 3 ou 4 notes obtenues pour une même copie, on peut faire la moyenne, prendre la médiane,...Cette méthode, s'il elle suscite des critiques, notamment en ce qu'elle permet théoriquement un certain degré de triche de la part des élèves, et des doutes que l'on peut avoir sur les compétences en matière de correction par les élèves, reste très privilégiée et employée.
Dans le cas plus spécifique des cours en informatique, il est parfois demandé aux élèves de réaliser des programmes. Dans ce cas, un correction automatique peut être réalisée afin de juger de la qualité de leur travail.
Une autre méthode qu'il n'est pas encore courant de rencontrer, mais qui est par exemple actuellement étudiée par des chercheurs de la plateform Iversity, est celle des cloud correctors. Voici en un schéma le principe de cette méthode (je l'ai réalisé en anglais, pour les besoins d'un autre article) : Cloud correctors in MOOCs : principle

Certains MOOCs certifiants proposent par ailleur de passer l'examen final en présentiel, ce qui permet d'assurer bien plus de crédibilité au certificat obtenu par ceux qui réussissent. Dans le cadre du MOOC ABC de la Gestion de Projet de Rémi Bachelet, des salles d'examens avaient par exemple été mises en place en Afrique.

Concernant la fréquence, certains MOOCs proposent des évaluations régulières, par exemple sous la forme de QCM hebdomadaires pour vérifier la bonne compréhension du cours (parfois les résultats compteront dans la note finale pour le MOOC, d'autres fois cela ne sera qu'un outil pour les élèves afin de s'exercer), ou de projets comme c'est souvent le cas dans le cadre des cours en informatique. Un examen final est bien sûr réalisé.

Les méthodes d'animation

Un MOOC, c'est avant tout une immense communauté d'apprenants (jusqu'à 100.000) qu'il faut organiser et animer. Voici quelques outils employés par les concepteurs de MOOCs.

Toutes les plateformes utilisent aujourd'hui la plupart de ces solution, qu'elles proposent des xMOOCs ou des cMOOCs. La différence entre ces deux types de MOOCs en devient ainsi parfois relativement floue. En revanche, dans le cadre des xMOOCs, rien n'oblige les élèves à se rendre sur les forums, et les taux de participations ne sont pas très élevés (même si certains participants sont toujours passionnés par le sujet et extrêmement actifs).